Rue princesse : Gbagbo et Lang s’éclatent / Jack Lang exhorte les Français à revenir en Côte d’Ivoire
C’est la boîte de nuit, précise-t-on encore, d’un autre…prince…du football, Didier Drogba.Vendredi dernier, le Chef de l’Etat a fait découvrir à l’ex-ministre français de la Culture, la célèbre rue Princesse et le Café de Rome.
Prési ! Prési ! Woody ! Woody! Le meilleur Prési ! Le Prési de la jeunesse ! C’est par ces cris, entre autres, que des jeunes de la célèbre Rue Princesse de Yopougon ont accueilli un visiteur pas comme les autres: le Président de la République et sa suite, en compagnie de Jack Lang, en “visite d’amitié”. Ce soir de vendredi dernier, il est 23h, quand le long cortège de voitures banalisées prend ses quartiers en cette Rue. Le Chef de l’Etat, en chemise blanche à manches longues, Jack Lang, de même, et les autres: Ben Soumahoro, Victor Ekra, Djédjé Benjamin… et il y a surtout une jeune fille, une curiosité: “C’est Léa, la fille du PR”, précise un homme qui sait de quoi il parle, descendent des véhicules et parcourent, à pied, la longue rue, jusqu’à son milieu, presque. Ce n’est pas la grande affluence des fins de mois, mais très vite, la longue rue, déjà pas si large devient plus étroite. Des automobilistes se garent. S’arrêtent et se demandent bien ce qui s’y passe. Ils n’ont pas le temps d’entendre la réponse, que des agents de la sécurité, nerveux il faut les comprendre. A la Rue Princesse, on boit, on fume, on danse jusqu’à… la folie leur intime l’ordre de “dégager”. Des badauds tentent, malgré la force dissuasive de la sécurité, de saluer le Président Gabgbo. D’autres, reçoivent, d’un peu loin, les saluts de celui dont ils ne cessent de scander le sobriquet: “Le Woody”, c’est-à-dire, le garçon. “Pile”, précisent-ils encore.
C’est, étonnés, sans doute encore que les habitués du coin observent le spectacle. La musique, les musiques, devrait-on dire, elles – à fond les sonos !- tympanisent à souhait, se télescopent dans cette nuit non ordinaire. Ici, on n’écoute pas la musique, on écoute des sons venus de tous les genres musicaux qui s’imposent à vous. “L’ivresse” que procure cette Rue est là, qui vous accueille. Et “le PR”, visiblement heureux de s’y (re) trouver- on dit même qu’il y vient, sans escorte. Vrai ou faux ?- y trouve le “nectar” qui fait du bien ; qui le sort de l’univers froid du marbre du Palais, de son ambiance très spéciale. Ici, il y a la musique, il y a “l’ambiance”, il y a la danse.
La danse ! Nous voici au
Queen’s Discothèque de la célèbre Rue. Il est 23h 20.
C’est la boîte de nuit, précise-t-on encore, d’un autre…prince…du football, Didier Drogba. Ce soir, il n’était pas présent, (il est à Chelsea, voyons !), mais l’endroit n’a sans doute pas été choisi de manière innocente. Le joueur reste une fierté nationale. Le célèbre et mythique morceau, Mario de Franco- paix à son âme- accueille les augustes clients. Une des serveuses du bar, qui ne peut contenir sa joie dit :
“C’est une bonne chose ! Une grosse surprise !”. Le DJ tient à livrer le meilleur de lui-même: il parle, parle…, fait l’“Atalaku” (vante) à n’en point finir des mérites de sa boîte, qui vient de créer la différence. Et, fidèle à son état d’âme, il dédie à ses illustres hôtes,
le “père de la fête de la musique (J. Lang) et le père de la nation”, Je suis dans la joie du Pasteur Guy. Dans la joie, on dit tant de choses…Passons. Comme pénétré par cette musique chrétienne, Lang, accompagné d’une cavalière, se trémousse sur la piste de danse. Quand l’y rejoint le Woody, c’est pour danser au son de Vis-à-vis de Meiway. La piste devient petite, de même que la boîte, cette nuit… Trois ou quatre minutes de défoulement. Et le DJ de commenter, dans son style:
“Un Président qui prend un bain de foule au milieu de son peuple, qui l’aime; ce peuple qui l’a toujours soutenu”. La piste se vide de ses danseurs pas comme les autres. Pendant ce temps, le champagne et autres boissons n’arrêtent pas de couler. Nous, on se contente du spectacle; le plaisir du journaliste de voir les grands s’amuser.
Minuit 10 minutes. La virée présidentielle continue. La faim, et la fatigue commencent à avoir raison de nous qui n’avons pas dîné avant cette virée qu’on nous avait dit annulée. De Youpougon-la fêtarde-bruyante de la Rue Princesse, nous voici au Café de Rome, la bourgeoise, avec ses jets d’eau, ses lumières qui font classe et ne font guère pâlir de jalousie Yopougon, la fêtarde. A l’entrée de la boîte de nuit, dans cet endroit classe, une des employées, débordante de jubilation, ne peut s’interdire de pousser ce petit cri: “Ouh ! Je l’ai vu ! C’est nous, on va le servir !”. Mamadou Ben Soumahoro la ramène poliment et sèchement à sa corvée. Dans la boîte, les illustres clients, comme de grands enfants – il y a plus d’enfant dans l’homme, que d’homme dans l’enfant-, s’amusent, gaiement avec un ballon gonflable. Les enfants le nomment “Pinhinpin”. Une onomatopée pour imiter le bruit de l’air qui en sort quand on en pince la sortie. L’orchestre, mal inspiré, leur sert un morceau de… James Brown. Comme si…
A 23h40, prend fin, enfin la virée. Toute la délégation est heureuse d’avoir passé un bon moment de détente nocturne. Et le Chef de l’Etat d’exprimer le symbole d’une telle sortie: “Indiquer que la guerre est finie; que la vie reprend le dessus. Ce n’est pas seulement Pâques, mais c’est aussi la résurrection de la Côte d’Ivoire”.
source: (Fraternite-Matin 31/03/2008)